Venise la rouge et les métadonnées

Description

Venise la rouge m’a été inspirée par trois œuvres différentes. La première « Plan panoramique de Venise et de la lagune » d’ Egnazio Danti qui se trouve dans la galetie des cartes géographiques du Vatican, fresque datant de 1580-1583. La question de l’appréhension de l’espace vénitien est ici posée par Danti, artiste ET cartographe . Comment être informatif tout en donnant à voir de manière esthétique la Sérénissime?
La deuxième influence est celle du poème romantique d’Alfred De Musset « dans Venise la rouge » issu de l’ouvrage Premières poésies d’Alfred de Musset, publié en 1828. Le poète ne connaissait pas Venise qu’il ne visitât en compagnie de Georges Sand. Celle qui fut l’amie, la maîtresse, la muse du poète, est aussi celle avec qui il fit l’unique voyage de sa vie dans la péninsule italienne. Un séjour de trois mois commencé en décembre 1833, qui prend fin en mars 1834. Alfred a 23 ans, son égérie 29 ans. Elle et Lui se jettent à corps perdu dans cette aventure amoureuse sous le ciel italien. Chapelet de villes hâtivement égrené : Livourne, Gènes, Pise, Florence, avant de rejoindre Venise, la perle des perles, au bel orient. Ce voyage lui inspire Lorenzaccio, considéré comme le chef-d’œuvre du drame romantique.
Dans Venise la rouge

Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l’eau,
Pas un falot.
Seul, assis à la Grève,
Le grand lion soulève,
Sur l’horizon serein,
Son pied d’airain.
Autour de lui, par groupes,
Navires et chaloupes,
Pareils à des hérons,
Couchés en rond,
Dorment sur l’eau qui fume,
Et croisent dans la brume,
En légers tourbillons,…
Cet extrait de poème témoignent de la fascination des écrivains romantiques pour la beauté singulière de Venise, le mystère de son réseau de ruelles où l’on se perd, les jeux de lumière entre la pierre et l’eau. Le paysage, pour les romantiques, est toujours intérieur, lieu d’une correspondance, d’une union entre la nature ou le paysage urbain et l’état d’âme. Or Venise répond à la fois à l’esthétique, à l’imaginaire et à la sensation romantiques : fréquemment noyée de brume, déserte en de nombreux endroits, souvent proche de la ruine, elle se prête aux rêveries mélancoliques et aux méditations lyriques sur le temps et la fragilité de la condition humaine.

Dernière inspiration, le travail « Locals and Tourists» d’ Eric Fischer
Depuis des années Eric Fischer joue avec les métadonnées de géolocalisation des millions d’images hébergées sur un site de partage de photos, il y a cinq ans il avait utilisé ces informations pour faire des cartes qui montraient les différentes endroits photographiés par les habitants et par les touristes dans une série de villes.
Au mois de mai 2015 il a utilisé 10 ans d’informations de géolocalisation venant de ce site pour faire une carte interactive dans laquelle on peut zoomer et se déplacer à la manière de Google Maps et qui montre comment des endroits sont photographiés partout autour du monde.