Tokyo

Nuit de pluie sur Tokyo

Tokyo

Tokyo

Tokyo un soir de pluie

Le Japon  a exercé sur moi un attrait puissant grâce au cinéma.
Vous pensez que je vais citer Kurosawa, Misoguchi, Imamura, Kitano ou Oshima?
Vous n’y êtes pas du tout!
C’est le film «On ne vit que deux fois», oui un James Bond, vu en salle à sa sortie en 1967 ou 1968 qui me fit découvrir le japon, Je ne sais pas ce qui me fascina dans ce long métrage, Je dirai que vu mon âge à l’époque c’est probablement le charme exotique de l’actrice Akiko Wakabayashi. Je suivais en cela sans le savoir Ian Fleming qui fut fasciné par les japonaises.
Si il se plaignait de l’exiguïté de sa chambre d’hôtel «cage semblable à une estampe faite de contreplaqué et de papier de riz», le rituel du bain public le trouble : « Je fus pris en main par la plus ravissante petite Japonaise qu’il me fût donné de voir. Elle s’appelait Kissy et avait vingt et un ans. […] Elle ne portait que de tout petits shorts blancs très collants et un soutien-gorge blanc. » .
Ce ne sont pas les seul plaisirs mémorables de Fleming : « Outre les litres de saké, nous consommâmes divers plats de poissons délicieux, dont une sorte d’épaisse soupe à l’anguille, absolument divine. »

Venons en à Tokyo puisque c’est le sujet de mes nouvelles créations.

Claude Lévi-Strauss ou Roland Barthes décrivent une mégapole hors norme, dans laquelle il ne faut pas hésiter à se perdre afin d’approcher cette culture si hermétique pour les Occidentaux.pour illustrer le propos je citerais Jean Cocteau
« Tokyo la détruite et la reconstruite est une pieuvre aux tentacules élastiques. »
Peu de gens connaissent l’amour du grand anthropologue pour le Japon, où il est venu à cinq reprises. Dans un article il révèle le plaisir et l’intérêt qu’il ressent à s’enfoncer dans les rues de la capitale, la diversité extraordinaire de cette ville et de ses habitants et l’inoubliable sensation de liberté qu’on peut y éprouver.
«Lors de ma première visite au Japon, en 1977, mes amis, même japonais, m’avaient mis en garde. Que je n’aille surtout pas juger le Japon par Tokyo: ville surpeuplée, anarchique, sans beauté, écrasante par son gigantisme, entièrement reconstruite après les bombardements de 1945, traversée en tous sens par des voies express surélevées qui se croisent dans le vacarme à des niveaux différents … Mes promenades me donnèrent une tout autre impression. La ville, bouillonnante de vie, me parut respirer la jeunesse. Les coloris clairs et variés des bâtiments entretenaient la gaîeté. La liberté avec laquelle étaient implantées les maisons et autres édifices me changeait agréablement des rues européennes où les maisons, alignées et soudées les unes aux autres, enferment le passant entre des murailles de pierre. A Tokyo, les constructions, détachées de leurs voisines, diversement orientées, ménageaient d’amusants contrastes de perspective. Même au cœur de la ville, elles proposaient au passant des recoins plus tranquilles, des petits havres de paix . Surtout, je me suis aperçu qu’il suffisait de quitter les grandes artères et de s’enfoncer dans des voies transversales pour que tout change. Très vite, on se perdait dans des dédales de ruelles ou des maisons basses, disposées sans ordre, restituaient une atmosphère provinciale. Le jardinet qui les flanquait pouvait être minuscule : le chois et l’arrangement des plantes n’en témoignaient pas moins le goût et l’ingéniosité des habitants. Ces demeures particulières entourées de végétation logeaient peut-être des gens de condition moyenne : je me faisais la réflexion qu’à Paris, elles eussent représenté un luxe accessible seulement aux plus riches. En parcourant Tokyo, j’étais moins heurté par la brutalité des quartiers d’affaires que charmé de voir coexister ces contrastes urbains. J’admirais et j’enviais cette faculté encore laissée aux habitants d’une des plus grandes villes du monde, sinon même la plus grande, de pouvoir pratiquer des styles de vie si différents. »
Ce texte de Claude Lévi-Strauss, intitulé « Aux habitants de Tokyo » est extrait de l’ouvrage « Le goût de Tokyo ». Certes, depuis les années 1970 les conditions économiques ont changé et l’auteur ne serait sans doute plus si optimiste.
Pour conclure je me référerai à Roland Barthes qui dans ‘l’empire des signes» suivait les pas en quelque sorte de Lévy-Strauss en préconisant de se perdre dans Tokyo pour la comprendre.
« Les rues de cette ville n’ont pas de nom. Il y a bien une adresse écrite, mais elle n’a qu’une valeur postale, elle se réfère à un cadastre (par quartiers, par blocs, nullement géométriques), dont la connaissance est accessible au facteur, non au visiteur : la plus grande ville du monde est pratiquement inclassée, les espaces qui la composent en détail sont innommés. Cette oblitération domiciliaire paraît incommode à ceux (comme nous) qui ont été habitués à décréter que le plus pratique est toujours le plus rationnel (principe en vertu duquel la meilleure toponymie urbaine serait celle des rues-numéros, comme aux Etats-Unis ou à Kyoto, ville chinoise). Tokyo nous redit cependant que le rationnel n’est qu’un système parmi d’autres.»

Si vous voulez découvrir le Japon, je vous conseille de voir les films de Kurosawa, Misoguchi, Imamura, Kitano ou Oshima. Les films d’animation de Hayao Miyasaki,
De lire Kawabata, Mishima ou Inoué et plus pres de nous
En attendant le soleil de Hitonari Tsuji
Ikebukuro West Gate Park de Ira Ishida

Out de Natsuo Kirino

Roland Ezquerra

Roland Ezquerra

Artiste

Je suis né en 1958 à Tarbes, et aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été attiré par les disciplines artistiques.

La première à m’avoir marquée fut la musique qu’écoutaient mes parents ou ma grande sœur, Edith Piaf côtoyait Elvis Presley, les Beatles suivaient Ferrat et Louis Armstrong succédait à Brel.

J’eus la chance très tôt de découvrir la littérature grâce à une librairie du quartier Sainte Anne qui faisait office de bibliothèque de prêt où les membres de ma famille s’approvisionnaient en lecture régulièrement. J’étais aussi très intéressé par le dessin que j’aimais pratiquer.
En savoir plus…