Dans le pendule de Foucault d’Umberto Eco, Casaubon, Belbo et Diotallevi, rédacteurs d’une maison d’édition appelée Garamond, inventent un Plan pour la domination du monde sur la base d’un prétendu document des Templiers que ces derniers auraient rédigé avant la suppression de leur ordre. Né par jeu, grâce à la permutation fortuite de textes ésotériques insérés dans un ordinateur, ce Plan séduit de plus en plus obsessionnellement, les protagonistes. Ces derniers, une fois découvertes d’extraordinaires analogies dans les livres qu’ils consultent en les falsifiant, relisent l’Histoire occidentale comme la réalisation d’un complot occultiste et hermétique, destiné à la révélation du secret des Templiers et à la conquête finale du pouvoir. Ils finissent par croire à leur invention et par être victimes de leurs délirantes fantaisies livresques mais aussi des folies d’une secte initiatique qui les considère comme véridiques. La loge du Tres, en effet, intéressée par ces révélations et poussée par le désir de domination du monde, enlève et tue Belbo, en le pendant au pendule de Foucault, puisqu’il ne veut pas dévoiler le secret tant convoité. Un sort identique échoit à Diotallevi, qui meurt de cancer dans un lit d’hôpital, et probablement à Casaubon qui, après avoir assisté à l’exécution capitale de son camarade, se réfugie dans la maison de campagne de ce dernier, convaincu que les diaboliques le rejoindront pour lui extorquer, ce secret qui n’existe pas. La quête d’une vérité fuyante et ultime constitue le noyau dramatique de l’histoire. Celle-ci, conçue par l’imagination de ces trois cerveaux curieux et aventureux, couvre un espace de temps qui s’étend, de façon rocambolesque, entre les mystères des Templiers et les manifestes rose-croix, les complots judéo-maçonniques et les délires de toute-puissance hitlériens, jusqu’aux luttes pour la Résistance, au printemps 1968 et aux Années de plomb. Elle inclut plusieurs villes et pays, du Milan des manifestations politiques post-soixante-huitardes au Paris du Conservatoire des Arts et Métiers et de la Tour Eiffel, du Brésil des rituels afro-brésiliens aux Langhe des souvenirs de jeunesse de Belbo, en passant par Londres, magique et occulte, et par Prague, ésotérique et kabbalistique. Ce n’est donc qu’à la fin de ces aventures que Casaubon reconstruit, en les racontant à l’aide de sa mémoire, les événements-clés qui l’ont amené, avec ses compagnons de voyage, à ourdir ce gigantesque complot.

expérience

à Besançon

Dans Le Pendule de Foucault, la narration rétrospective du narrateur représente un voyage à travers la mémoire, parce que le protagoniste revit mentalement tous ces épisodes qu’il cherche à élucider de manière critiqueet à travers le temps dans une période allant de 1968 à 1984, mais qui remonte jusqu’aux Templiers et à travers l’espace, parce que l’action se déroule dans plusieurs nations, villes et lieux qui remplissent un rôle important dans le voyage de formation du héros. Le choix de ces endroits se révèle capital, car c’est précisément en y voyageant qu’il fait des expériences qui marquent profondément son parcours intellectuel.

En particulier celui où Casaubon se retire et d’où il commence à raconter à rebours son histoire. Ce refuge d’isolement et de tranquillité revêt deux fonctions principales: l’une narrative, l’autre formatrice, en mesure de favoriser le recueillement spirituel et la réalisation d’une condition existentielle et intellectuelle caractérisée par l’ataraxie. Le récit du narrateur, au fil de ses souvenirs, pourra être lu comme un voyage cognitif qui prend la forme d’un Bildungsroman, ou roman de formation, “postmoderne”.

Le voyage à travers la mémoire

Parmi les trois principaux protagonistes du roman, Casaubon est certainement celui qui s’associe, avec le plus d’enthousiasme, au jeu hermétique. Il en est l’inventeur le plus appliqué et le seul qui s’en libère complètement, alors qu’il s’aperçoit que tout le monde commence à le prendre trop au sérieux. Cette catharsis est la condition fondamentale qui fait de lui un narrateur désenchanté des faits qu’il se raconte à lui-même. L’histoire est en effet un long récit de la mémoire que Casaubon se fait à lui-même, dans la nuit du 25 au 26 juin 1984, plongé dans le calme et le silence de la maison de campagne de Belbo, dans cette sérénité de l’esprit typique de celui qui a finalement compris la vérité qu’il cherchait depuis longtemps. Il accomplit un vagabondage de la mémoire, lequel, visant à reconstruire, à rebours et mentalement, l’histoire entière, suit un parcours zigzaguant, entrecoupé de fréquentes anticipations du futur et rappels au présent.

experience scientifique

Besançon musée du temps

La voix du narrateur intervient pour éclaircir l’évolution confuse et agitée de certains faits, disséminer des traces et donner des avertissements au lecteur, afin qu’il ne se laisse pas ensorceler par les délires paranoïaques et hallucinés des protagonistes. Tout cela rend extrêmement dense et embrouillé l’enchevêtrement d’évocations, de réflexions et d’actions, déterminant un chevauchement de structures temporelles qui, en s’entrecoupant et en se superposant, produisent un sentiment d’égarement et de confusion.

Le voyage à travers le temps

musée du temps

prendre de la hauteur

La narration débute in medias res: le héros se revoit à Paris, au Conservatoire des Arts et Métiers, deux jours avant, le soir du 23 juin. Dans un premier temps, il reste comme foudroyé et fasciné par la vue du pendule de Foucault, dont «l’expérience du Numineux» lui fait éprouver une émotion ambiguë de «révérence et peur». Ensuite, il se cache dans la guérite du périscope et, en attendant l’événement nocturne, il repense à tout ce qui s’est passé jusqu’à ce jour-là, impressionné et incertain sur la possibilité d’y croire ou non. C’est à ce moment et en ce lieu précis qu’il commence à renouer les fils des souvenirs qui reviennent, peu à peu, à son esprit. À ce point, une autre digression s’amorce. Celle-ci, la plus longue et la plus importante, au fur et à mesure que l’histoire avance, encadre et développe beaucoup d’autres rétrospections, en se concluant à la fin du roman au moment même où la narration principale revient au point de départ, lorsque Casaubon sort de son refuge pour assister au dénouement tragique.

Au terme de ce «long, impitoyable examen de conscience», le voyage de la mémoire du je narrateur entre dans la dernière ligne droite et nous ramène à l’événement conclusif. Le sabbat nocturne, auquel participent les différents membres de la loge du Tres, comiquement habillés et présentés, est décrit comme une farce tragi-comique par Casaubon. Le héros, influencé par les écrits de Belbo, les fichiers que ce dernier confie à son ordinateur et que son jeune ami lit avant de le rejoindre à Paris, et ensorcelé par la réalité se matérialisant devant lui, finit par se convaincre que «il n’est d’Autre aussi réel que le Plan».

Après avoir assisté au sacrifice de Belbo, il réussit à échapper aux initiés de cette secte, se réfugie dans la maison de campagne de son ami et, après y avoir retrouvé et lu ses confessions de jeunesse, parvient finalement à la compréhension de la vérité. Ce n’est qu’à ce moment précis que le cercle du récit-souvenir se boucle, la fabula coïncidant avec l’intrigue, ce qui détermine la fin de la narration analeptique. L’épilogue nous montre un Casaubon revenu à la raison, rendu imperturbable et sage par l’expérience contemplative et cognitive racontée, qui attend l’arrivée des diaboliques, se délectant du spectacle grandiose de la nature.

Il me semble que le voyage de Casaubon à travers le temps décrit un difficile et profond processus cognitif qui, après avoir expérimenté la chute dans les mystifications de la raison “abstraite”, s’élève à la compréhension de la vérité de la raison “concrète”, assainie par le contact et la réconciliation avec le monde physique. C’est ainsi que se termine l’aventure humaine et intellectuelle de Casaubon, dont le nom rappelle justement celui du philologue homonyme de la Renaissance, Isaac Casaubon, connu pour avoir démontré que le Corpus Hermeticum date de la fin de la période hellénistique.

Besançon

synthèse

Le voyage à travers l’espace

Le jeune protagoniste joue le rôle de l’intellectuel curieux, brillant et cultivé qui finit quand même par croire à ce qu’il lit et apprend. Une fois obtenu le diplôme de Master, avec un mémoire centré sur l’histoire des Templiers, il connaît Amparo, une belle brésilienne marxiste, avec laquelle il va vivre au Brésil. Cette expérience s’avère fondamentale pour lui du fait que son esprit rationnel et incrédule commence à vaciller, car celui-ci est soumis à la dure épreuve du syncrétisme religieux des rites du candomblé et de l’umbanda, des cultes mystériques et totémiques par lesquels il est fasciné. Dans le pays sud-américain, en outre, il rencontre et fréquente le marquis Agliè, un érudit, spécialiste de matières ésotériques et occultistes, qui se fait passer pour le comte de Saint-Germain. Cet homme, aux manières esthétisantes et aux discours décadents, arrive à subjuguer l’âme influençable du jeune héros, qui lentement se laisse convaincre que le monde est «plein de merveilleuses correspondances, de ressemblances subtiles» et qu’il faut «les pénétrer, s’en laisser pénétrer, à travers le rêve, l’oracle, la magie, qui permet d’agir sur la nature et sur les forces faisant mouvoir le semblable avec le semblable».

Ce sont, ensuite, la perte de valeurs traditionnelles et la confusion idéologique caractérisant gli anni del riflusso qui contribuent à aggraver cette condition de soumission aux puissances irrationnelles. Revenu à Milan entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, Casaubon se retrouve face à un monde qui a radicalement changé et qu’il n’arrive plus à interpréter selon les catégories sociales, politiques et culturelles précédentes. Ce qui produit en lui un sentiment d’égarement moral et idéal qui le fait basculer davantage vers le côté irrationnel. Casaubon subit un autre coup dur infligé à son esprit cartésien quand, sur invitation d’Agliè, venu s’installer à Milan, et en sa compagnie se rend dans le Piémont pour assister à un rite alchimique. Dans un cadre architectural baroque, Agliè conduit ses invités par les jardins de la villa avant de rejoindre la salle où se déroulera la cérémonie. Cet itinéraire se configure comme un voyage initiatique à leur insu et contre leur gré: Au fur et à mesure que les hommes traversent ces jardins alchimiques, où chaque objet présent entretiendrait un rapport de correspondances magiques avec le monde, ils sont initiés, petit à petit et sans qu’ils s’en aperçoivent, aux mystères hermétiques de la nature de l’homme et de la terre. Enfin, ils atteignent la salle où ils participent à un spectacle hallucinant et surnaturel qui fait perdre la lumière de la raison à Casaubon, toujours plus incapable de distinguer ce qui est réel de ce qui est imaginaire.

Comme bombardé par ces forces obscures, Casaubon se rend compte qu’il est en train de succomber au «pouvoir de l’inconnu», ne pouvant plus se soustraire «au démon de la ressemblance». De plus en plus séduit par le savoir ésotérique et magique, il est sauvé, dans un premier temps, par sa nouvelle compagne, Lia, qui, personnification de la sagesse et du bon sens populaire, le met en garde, en lui expliquant que les ressemblances mystérieuses qu’il voit partout et les symboles archétypiques de l’homme sont liés, en vérité, à sa dimension matérielle et corporelle. Sourd même aux conseils de sa bien-aimée, Casaubon franchit le pas, celui qui lui a été fatal: à savoir la construction du Plan, des conséquences néfastes duquel il est, encore une fois, protégé par Lia, qui lui démontre irréfutablement que le prétendu message secret des Templiers n’est rien d’autre qu’une liste des commissions. Mais tout cela ne suffit pas. Pour tenter de sauver Belbo, pris au piège par les diaboliques qui veulent s’emparer à travers lui de la révélation templière, il sait bien que la farce du complot doit se poursuivre. Impliqué irrémédiablement dans le Plan, Casaubon décide alors de se rendre à Paris au Conservatoire des Arts et Métiers où, dans la nuit du 23 au 24 juin, aura lieu le rendez-vous décisif entre Belbo et ses ravisseurs.Resté le seul, d’après eux, en possession de la vérité, Diotallevi étant mort entre-temps, et conscient d’être recherché par cette horde de fous paranoïaques, il quitte la capitale française dans un état de choc et de confusion profonde. Durant son voyage de retour à Milan, en avion, il commence à réaliser sciemment ce qu’il lui est advenu depuis la conception du Plan jusqu’à ses conséquences ultimes. Même si Casaubon sait bien qu’il est voué fatalement à l’échec, il se retire pour méditer dans la maison de campagne de Belbo, dans les Langhe, dernière étape de son voyage. Ici, plongé dans l’évocation solitaire et critique des événements, il arrive à comprendre le seul “secret” qui, d’après lui, soit vraiment accessible à l’homme: la vérité de notre «mère la terre», de la nature bénéfique et vivifiante.

Ces réflexions concluent le récit du narrateur. Son long voyage formatif et cognitif à travers la narration s’achève par une issue ambivalente, aussi positive que négative, alors que dans le roman de formation classique le héros, après de nombreuses péripéties, parvient toujours à saisir une morale solide aux certitudes inébranlables. Casaubon, en revanche, a obtenu, certes, une «sagesse suprême», mais celle-ci, finalement, se révèle peu consolatrice, parce que tardive. La sagesse de Casaubon est donc une sagesse “empirique” et limitée, qui ne permet d’atteindre aucune certitude supérieure ni, encore moins, aucune connaissance métaphysique. Cependant, une fois acquise la conscience de la réalité physique et naturelle aussi bien du monde que de l’homme, le voyage du protagoniste semble le conduire enfin vers cette condition existentielle et intellectuelle, typique de celui qui est totalement libéré par les passions et les inquiétudes, car il est fort de l’acceptation volontaire de son destin ou «Amor Fati»: l’ataraxie stoïque et épicurienne.

J’ai l’impression que l’aventure humaine et cognitive de Casaubon prévoit une fin qui, à certains égards, se présente comme similaire à celle du premier roman d’Eco, Le Nom de la rose. Comme le protagoniste du Pendule, Adso de Melk raconte des faits dont il a été le témoin oculaire. Toutefois, contrairement à celui de Casaubon, le voyage mémoriel du frère bénédictin est une évocation confiée à un manuscrit, rédigé à l’âge adulte, qui relate fidèlement les événements extraordinaires auxquels il a assisté durant sa jeunesse. Mises à part les différences thématiques et formelles entre ces deux livres, à l’issue de leur voyage difficile et critique de la mémoire, l’un et l’autre se retrouvent face à une vérité peu rassurante, parce qu’elle ne brille que dans la fugacité fulgurante du moment où elle se manifeste.

Bien qu’elle se révèle négative et «nue», la Sagesse à laquelle parvient enfin Casaubon – c’est-à-dire la conscience qu’il n’y a aucun secret, aucun Plan, aucun sens suprême à atteindre – permet de considérer la vie dans sa manifestation et perpétuation naturelles, représentée, à la fin du roman, par la naissance de son fils, Giulio, et par les pêches qui poussent là où, dans les millénaires passés, paissaient les dinosaures.

Comme nous avons pu le constater, le récit de Casaubon reconstruit, sur la base de ses souvenirs et de ses réflexions, les événements fondamentaux des dix dernières années de sa vie, afin de les revisiter, de façon lucide et critique, après les avoir vécues intensément, en se laissant emporter. Son évocation retrace en effet les étapes de son voyage, dont il considère les moments (les années après 1968, les années passées au Brésil, gli anni del riflusso) et les lieux (Milan, le Brésil, la villa piémontaise, Paris) qui jouent un rôle crucial déterminant pour la suite de son parcours formatif et cognitif. En outre, au cours de son voyage, certains lieux marquent profondément son esprit, qui, au fur et à mesure, se laisse prendre au jeu hermétique: De rempart de rationalité et d’incrédulité il devient, ensuite, repaire de la pensée ésotérique et magique. En particulier, l’un d’entre eux s’avère incontournable du fait qu’il contribue, de manière décisive, à faire revenir Casaubon à la raison: la maison de campagne de Belbo. Cet endroit, plongé dans un cadre isolé et idyllique, revêt en effet une importance double. Narrative car c’est ici – point d’arrivée de l’histoire mais, en même temps, point de départ de la narration – que le protagoniste principal fait accomplir à sa mémoire ce long voyage rétrospectif. Ensuite, il revêt aussi une importance formatrice, puisqu’il représente, d’un point de vue symbolique, l’aboutissement de son voyage expérientiel et cognitif: Le rapprochement avec la nature et avec la vie. En ce sens, son parcours-voyage illustrerait donc l’idée d’un savoir qui, après s’être égaré dans les déformations de la pensée “abstraite” et irrationnelle, arrive finalement à embrasser une pensée “concrète” et empirique. Dans cette perspective, la narration, que le héros se fait à lui-même, n’est alors rien d’autre qu’une sorte de “thérapie de fabulation” qui se fonde sur le fait même de raconter, par laquelle Casaubon attribue à son expérience vécue un sens nouveau pour mieux comprendre ses erreurs et ses acquis.

En dernière analyse, le récit de Casaubon à travers la mémoire, le temps et l’espace pourrait être lu comme un voyage formatif et cognitif conduisant, d’une part, à l’acceptation de l’ataraxie stoïco-épicurienne comme condition existentielle finale du héros et, d’autre part, à l’affirmation d’un savoir critique et rationnel qui reconnaît et accepte la réalité telle qu’elle est.

L’expérience scientifique.

Il s’agit d’une expérience réalisée par le physicien et astronome français Léon Foucault (1819-1868). Son but : démontrer la rotation de la Terre de manière visible.

En 1851, le président Louis Napoléon Bonaparte convia les parisiens à « venir voir tourner la Terre » lors d’une démonstration publique au Panthéon. Foucault y avait fait installer un pendule géant de 67 mètres, qui, lors de ses lentes oscillations en apportait la preuve visible. La masse de 36 kg qui y était suspendue mettait 16.5 secondes pour effectuer un aller et retour, et laissait, grâce à un stylet fixée au bout de celle-ci, une trace dans un banc de sable. A la vue de tous, les traces évoluaient à chaque passage en se décalant un peu plus dans le sens des aiguilles d’une montre. Deux heures plus tard, le pendule avait déjà parcourut un angle de 22°. Nul ne doutait au milieu du XIXe siècle que la Terre tournait, mais jamais auparavant la preuve en avait été fournie d’une manière aussi saisissante. Ce que Galilée avait supposé longtemps avant Foucault, était enfin prouvé scientifiquement. Pour comprendre, il faut savoir qu’une curieuse propriété du pendule est de garder toujours le même plan d’oscillation, même lorsque son support est en mouvement. Lors de l’expérience au Panthéon, ce n’est pas le pendule qui a changé sa direction d’oscillation, mais c’est bel et bien le mouvement de la Terre autour de son axe qui est rendu visible. On sait que la Terre tourne sur elle-même d’ouest en est. Or, personne sur Terre ne se rend compte de ce mouvement, qui dépasse pourtant les 1600 km/h à l’équateur ! L’expérience de Foucault repose sur ce principe : Un observateur qui setrouve devant un pendule en oscillation tourne avec la Terre, ainsi qu’avec son environnement, les murs, le plafond et le sol sans s’en apercevoir. En revanche, le pendule, lui, oscille toujours dans la même direction. Ainsi, il devient un repère, un invariant, qui nous permet de percevoir ce mouvement de rotation. Nous avons la sensation de voir le pendule tourner, mais c’est en fait notre planète qui le fait.

A la différence de la première expérience de Foucault l’expérience du musée du temps de Besançon,  pas de sable, mais 64 aiguilles et environ 300 diodes pour vous indiquer la course apparente du pendule. L’ oscillation du pendule est entretenue par un électroaimant, situé au sol. Sans ce dispositif, le pendule finirait par s’arrêter. Il suffit d’avoir un peu de patience : Quand, toutes les 33 minutes environ, une des 64 aiguilles se retire et que s’allument les diodes qu’elle recouvrait, c’est que vous avez vu de vos propres yeux tourner la Terre !